107 ans
Simon est un jeune garçon de 16 ans, amoureux fou de Lucie depuis 4 ans. Toute sa fragile existence repose sur cet amour. Le seul sens à sa vie. Mais Simon commet la faute irréparable aux yeux de Lucie. Elle le quitte et continue sa vie dans les bras d’un autre. Cela pourrait être d’une banalité sans fond et pourtant, la suite est bouleversante. Sans elle, Simon ne mange plus, ne dort plus, ne vit plus, il est à l’agonie, au bord du précipice. Alors, il la poursuit, il est prêt à tout pour la retrouver, la reconquérir, TOUT, même et surtout le pire !
Ce petit roman nous parle d’amour, sans aucun doute, mais ne vous fiez pas aux apparences, il s’agit surtout de l’amour que l’on se porte ou, en l’occurrence, que l’on ne se porte pas. Celui qui justement nous permet de trouver une place dans l’existence, de nous accorder le droit, la légitimité et l’envie de vivre plutôt que de mourir.
Voilà une expérience de lecture très singulière que je ne pourrais recommander à tout le monde sans un minimum de préparation. Le genre d’auteur qui me fascine, capable d’écrire avec tant de justesse que l’on est littéralement happé par le personnage, en pleine empathie avec ce jeune adolescent pourtant totalement virtuel.
L’écriture est simple, épurée. Le style est direct, souvent cru, violent mais vrai. Certains détails sont difficiles à lire, presque insoutenables, le corps se crispe et pourtant, impossible de refermer ce livre car écouter ce jeune homme semble être la seule chose à faire, la moindre des choses. Refermer le livre reviendrait à se voiler la face, ignorer les souffrances adolescentes, un peu comme les parents de Simon qui n’ont rien vu venir ou qui n’ont peut-être pas voulu voir.
107 ans pour signifier l'éternité que semble prendre une reconstruction après un drame, la patience infinie qu'il faut pour apprendre à s'aimer, pour traverser coute que coute cette tempête qui empêche de vivre, de respirer. 107 ans pour signifier qu'arrive enfin le moment où l'on arrête de compter, les secondes, les minutes, les jours, les mois, les années et que, contre toute attente, on se réveille un matin et l'on prend conscience que nos 16 ans sont derrière nous et qu'une autre vie commence, enfin !
Une telle lecture ne peut pas laisser indifférent, que cela nous renvoi à notre propre adolescence où à celle à venir de nos enfants. On souhaite évidemment que ça n’arrive jamais et pourtant ça arrive, et pas toujours aux autres. Alors, mieux vaut surement être au courant, chercher à comprendre, et parler, toujours. Ca ne sauvera peut-être pas nos enfants, mais au moins on aura essayé, on aura tout tenté !
Merci chère Sandra d’avoir déposé cette lecture au creux de mes mains car sans toi, c'est certain, je serais passée complètement à côté.
Belle journée chers lecteurs, à très vite.
Laurette