Ces absents qui nous manquent ...

Publié le par Laurette

Deux très beaux albums de rentrée ... le thème est loin d'être drôle mais ces deux livres sont émouvants, chacun à leur manière, et évoquent avec délicatesse l'absence, le manque de ceux qui nous quittent, et la vie qui continue malgré tout ...

Challenge "Je lis aussi des albums" - lecture 74/100 - très belle lecture -

Challenge "1% rentrée littéraire" - lecture 2/6 -

Capitaine Papy, Benji Davies, Milan, septembre 2015

Ces absents qui nous manquent ...

Une lecture sur la disparition d'un proche, et en particulier un grand-père, on ne peut pas dire que cela soit très original car le sujet a été traité à maintes reprises déjà.

L'originalité est plutôt à chercher dans la manière d'aborder les choses, par le biais d'une belle aventure, et dans ces illustrations gais et colorées, qui abordent la mort de manière assez détournée, suffisamment pour ne pas plomber l'ambiance et replacer la mort d'un ancien à sa juste place, comme un évènement triste, marquant, mais tout à fait naturel. Il y a avant tout de la vie dans cet album.

Tim est un petit garçon, d'une dizaine d'années à peine, qui aime passer du temps chez le voisin, son grand-père. Il lui rend régulièrement visite, y a ses petites habitudes.

Un jour,son grand père lui révèle un grand secret ... au fond du grenier rempli de trésors, sous un drap, se cache une grande porte en acier. Juste devant, les valises sont déjà prêtes, le voyage peut commencer.

Ces absents qui nous manquent ...

La porte s'ouvre sur un paquebot, prêt à partir. La sirène retentit et le bateau prend le large vers une île sauvage. Très vite grand père y trouve ses marques, aidé de son petit fils, il se construit une belle cabane. Ensemble ils découvrent l'île et ses merveilles, prennent le temps de dessiner ce qu'ils voient, de se baigner dans les cascades, et de faire connaissance avec toutes les espèces animales accueillantes et chaleureuses qu'ils rencontrent.

Ces absents qui nous manquent ...

Puis il est temps pour grand-père d'avouer la vérité à son petit-fil : "Il y a quelque chose dont je veux te parler depuis un moment. Figure-toi que ... je crois que je vais m'installer ici."

Vient alors le moment des adieux. Tim est triste, son grand père lui manquera. Le chemin du retour est un peu moins joyeux "Sans Grand-père, le voyage semble beaucoup plus long. Mais Tim tient bon la barre et rentre sain et sauf à la maison."

Ces absents qui nous manquent ...

Et l'après est abordé avec ces quelques lignes d'une grande simplicité :

"Le lendemain matin, Tim revient dans la maison de grand-père. Rien n'a bougé, c'est toujours comme avant. Sauf que Grand père n'est plus là. Au grenier, tout est silencieux. La porte en acier à disparue. Comme si elle n'avait jamais existé."

Rêve ou réalité... Les enfants puisent parfois dans des trésors d'imagination pour accepter la réalité bien plus facilement que nous... un merveilleux voyage symbolique où tout n'est qu'effleuré avec simplicité, tendresse et gaité. Et une très belle complicité entre deux générations car c'est probablement là le thème principal de cet album, cette relation sincère, unique, indispensable que peuvent nouer les enfants avec leurs grands-parents.

La fin astucieuse, laisse la possibilité, si on le souhaite d'aborder cet album sans parler de la mort en soi mais plutôt de l'absence sous toutes ses formes, ce qui préparent progressivement les enfants à l'inévitable, l'idée qu'un jour, cette relation s'arrêtera mais leur rappelle aussi que le cœur d'un enfant est bien assez grand pour contenir tout l'amour qu'on leur porte, ceux des vivants, des morts et des absents et que la relation y existe à jamais, figée pour l'éternité !

Et pour découvrir toute la symbolique de cet album, l'histoire passionnante de sa création, allez donc voir par là, CLIC. La traduction est très aléatoire mais reste compréhensible ... c'est assez rare d'avoir une idée aussi précise et détaillée de la genèse d'un livre... magique je trouve ! Vous y verrais même une petite vidéo, très courte avec quelques images animées de cet album.

Challenge "Je lis aussi des albums" - lecture 75/100 - Coup de coeur -

Challenge "1% rentrée littéraire" - lecture 3/6

Si mon père était encore là ... Yann Walcker et Robin, Gallimard Jeunesse, collection Giboulées, septembre 2015

Ces absents qui nous manquent ...

Un album qui aborde avec tant de justesse le sujet délicat de la mort d'un parent. Des illustrations plutôt agréables et joyeuses qui laissent la part belle à un texte riche, dense, plein de tendresse et d'humour.

Chaque page de l'album commence par la même phrase "si mon père était encore là", car oui, le papa de ce petit garçon est parti et ne reviendra pas, il a été mangé par par un "vilain crabe".

Alors, si il était encore là, que lui dirait son petit garçon, comment le réveillerait-il le matin, à quels jeux joueraient-ils ensemble, quelles discussions auraient-ils en sortant de l'école, quelle histoire lui lirait-il le soir ... autant de questions si essentielles pour l'enfant, le tout petit qu'il est encore, des questions qui devront rester sans réponse.

Ces absents qui nous manquent ...

Et puis, si papa était encore là, la vie c'est sûre serait drôle et pleine de fantaisie.

"Si mon père était encore là, plus besoin d'écouter la météo pour savoir quel temps il va faire demain : du soleil toute l'année, de la joie, de la bonne humeur...papa, au moins, il mettait de la couleur dans ma vie ... "

Si papa était encore là, plus rien ne lui ferait peur, pas même les grosses vagues dans la mer, le poney shetland quand il va trop vite, les monstres cachés sous le lit, pas même les légumes verts ...

"Si mon père était encore là, je l'aiderais à dépenser son argent au Maxi-Marché parce que maman, elle ne sait pas du tout faire les courses. Elle rapporte toujours des trucs qui ne servent à rien, comme des légumes et du poisson. Papa, lui il était d'accord avec moi : les nounours en chocolat, CA c'est utile..."

Ces absents qui nous manquent ...

Et puis, si papa était encore là, il le rassurerait.

"Je lui dirais de ne surtout pas s'inquiéter pour mon avenir, parce que ça y est, j'ai bien réussi ma vie moi aussi : j'ai eu un 7/10 en calcul"

Il lui apprendrait comment on devient un papa, comment c'est la vie plus tard, quand on est un homme, ce qu'il fait dire ou faire pour le devenir.

Si papa était encore là, il aurait tant de choses à lui dire, tant de choses à apprendre de lui, tant de choses à comprendre encore.

Mais il n'est plus là. Viennent alors, le grand chagrin qu'on partage avec ceux qui restent, les questions douloureuses et si légitimes, les incompréhensions, les doutes ...

"Si mon père était encore là, même pas longtemps, juste une journée ... et bien moi, à table, je lui poserais des tas de questions : comment c'est là haut, dans le ciel, puisque maintenant c'est sa maison ? est-ce qu'il a revu Papi Henri ? est-ce qu'ils habitent sur le même nuage . est-ce qu'il s'est fait des copains anges ? est-ce qu'il va avoir des ailes, lui aussi ?"

Ces absents qui nous manquent ...

Et il faut apprendre désormais à vivre sans lui. Réapprendre ces gestes du quotidien que l'on faisait ensemble, apprendre à affronter ses peurs, comme un grand.

Il faut accepter que sa maman pleure encore parfois en cachette et prendre le temps de la consoler comme elle sait aussi si bien le faire.

"Si mon père était encore là, je lui dirais aussi que maman, elle l'aime toujours en secret, mon papounet ... même que parfois elle renifle en faisant semblant d'être enrhumée. Mais moi je sais bien que c'est pas vrai, que c'est parce qu'elle pense toujours à lui. Alors, je la serre très fort dans mes bras pour la consoler...ou peut-être que c'est elle qui me console, je ne sais plus très bien..."

Ces absents qui nous manquent ...

Il faut accepter qu'elle refasse sa vie avec un autre, même s'il ne remplacera jamais ce papa, accepter de grandir malgré tout sans ce regard bienveillant et protecteur. Accepter d'envisager demain...

Un album difficile, terriblement émouvant, mais ESSENTIEL...

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Deux albums lus dans le cadre du Challenge "Je lis aussi des albums" et du Challenge "1% rentrée littéraire", de Sophie Hérisson, du blog Délivrez des livres. Sur ce deuxième challenge, que des nouveautés donc, plus de 400 chroniques à ce jour, ... pour le récap c'est par là CLIC

Ces albums concourent également pour une Box de Pandore.

Ces absents qui nous manquent ...

Sur ce même thème, dans un ton tout aussi juste, deux autres magnifiques albums à se procurer, deux fabuleux récits à hauteur d'enfant ...

Deux albums chroniqués par là CLIC (vers la fin de l'article consacré aux émotions)

Ces absents qui nous manquent ...

La croûte, Charlotte MONDLIC, Olivier TALLEC, Les albums du Père Castor, 2009

Un livre d'une rare beauté, sur la mort d'une mère - coup de cœur -

Extrait de la chronique :

"Quand un petit bonhomme perd sa maman avant d'avoir eu le temps d'en profiter vraiment, il fait comment pour accepter, pour comprendre, pour vivre après ça, pour vivre avec ce chagrin qui n'en finit pas, et pour ne pas l'oublier cette maman qui l'aimait tant ? Oublier son odeur, oublier sa voix. Et quand un petit bonhomme en plus de perdre sa maman, doit faire avec le chagrin d'un papa, il fait comment pour continuer à vivre sa vie ce petit bonhomme ? Il se débrouille comme il peut, il fait avec sa colère qui disparait peu à peu, il trouve des petites astuces pour garder encore un peu de cette maman prés de lui..."

Ces absents qui nous manquent ...

L'arbre à Kadabras, Marie-Sabine ROGER, Vanessa HIE, Les albums Duculot, CASTERMAN, 2007

Une histoire touchante et fantaisiste sur l'absence d'un père ... - coup de cœur -

Extrait de la chronique :

"Le petit Tom nous promène dans son jardin, celui que son papa, parti pour un très long voyage, lui a demandé de prendre grand soin...on découvre alors l'univers décalé d'un enfant qui navigue entre les émotions et se rassure comme il peut en s'inventant un bien bel univers. On trouve dans ce jardin d'incroyables arbres..." (...) "le Kadabras, dont les fruits sont en forme de souhaits le plus chers, et Tom en est sûr, si l'on murmure son nom longtemps, ça fait revenir les gens, ... peut être même les papas"

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B
Magnifiques et émouvants...<br /> J'aime beaucoup les illustrations du premier, qui me font penser à un court-métrage vu l'an passé avec le trio, au thème presque identique.
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N
Que de beaux albums et que d'émotions !
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